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Cryothérapie : quels bienfaits pour les sportifs ?
le 06/03/2025
La cryothérapie a fait ses preuves dans le domaine de la santé et notamment dans la réadaptation sportive. Olivier Masclet, kinésithérapeute et ostéopathe, répond à trois questions pour bien comprendre les mécanismes et les bienfaits de cette méthode.

La cryothérapie corps entier connaît un essor croissant dans le domaine de la médecine sportive et de la réhabilitation. Cette technique consiste à exposer l'ensemble du corps à un froid extrême dans une chambre fermée pouvant atteindre -110°C, à la différence de la cryothérapie partielle qui ne traite qu'une zone du corps dans un système ouvert. Initialement développée dans les pays scandinaves il y a une trentaine d'années, elle s'est progressivement imposée comme un outil thérapeutique innovant. La cryothérapie corps entier se distingue par son efficacité : elle permet un refroidissement cutané environ 30 % plus important qu'une séance en corps partiel, ce qui maximise ses effets thérapeutiques. Pour mieux comprendre ses applications et son potentiel dans la réadaptation sportive, Olivier Masclet, kinésithérapeute et ostéopathe au sein de Cryokine, cabinet de rééducation situé au sein de l’Hôpital privé Clairval (Ramsay Santé) et pionnier de cette pratique dans la région, répond à 3 questions essentielles.
Quels sont les principaux mécanismes par lesquels la cryothérapie corps entier favorise la récupération musculaire chez les athlètes ?
Le principe fondamental repose sur la création d'un choc thermique. Lors d'une séance classique de minimum trois minutes à -110°C, la température cutanée baisse en moyenne de 14 degrés. Cette exposition au froid intense déclenche une réaction en chaîne dans l'organisme : la peau détecte le changement brutal de température et envoie un signal au cerveau via des neurotransmetteurs, qui répond en libérant naturellement des substances messagères dans le corps. Ces messagers chimiques naturels (Noradrénaline et Acetylcholine) agissent comme des régulateurs, permettant notamment de réduire la douleur et l'inflammation.
Ces mécanismes produisent plusieurs effets bénéfiques : une diminution de l'inflammation, de la douleur, de l’angiogenèse, de l’activité enzymatique ainsi qu’une réduction du stress oxydatif*. Le grand intérêt de cette technique est qu'elle ne se contente pas d'agir localement : elle influence tout l'organisme en stimulant la production naturelle d'hormones circulantes, c’est ce qu’on appelle l’hormonothérapie.
En quoi la cryothérapie se distingue-t-elle des méthodes traditionnelles de récupération, et quels bénéfices spécifiques peut-elle apporter ?
La particularité de la cryothérapie corps entier réside dans son approche globale et son impact sur différents aspects de la récupération. Au-delà des effets classiques du froid, comme le resserrement naturel des vaisseaux sanguins ou vasoconstriction (permettant de réduire les gonflements), nous observons des bénéfices significatifs sur plusieurs plans. En matière de gestion de la douleur, la cryothérapie s'avère particulièrement efficace pour diverses pathologies inflammatoires, qu'elles soient chroniques ou aiguës.
Elle peut soulager les douleurs liées aux lombalgies chroniques, aux blessures traumatiques sportives, ou encore aux lésions musculaires de gravité moyenne. Les patients rapportent une diminution notable de leurs douleurs, ce qui leur permet souvent de reprendre plus rapidement leurs activités physiques et de maintenir leur charge d'entraînement. Sur le plan psychologique, l'amélioration de la qualité du sommeil est l'un des premiers effets soulevés. Dès la première séance, de nombreux patients constatent une meilleure qualité de sommeil.
Cette amélioration s'avère particulièrement précieuse pendant les périodes de préparation intensive où les athlètes sont soumis à un stress oxydatif important qui altère leur sommeil et donc leur récupération. La cryothérapie permet ainsi de maintenir une qualité de sommeil quasi normale même en période de surentraînement, ce qui est essentiel pour la récupération et la performance.
Dans quelles situations recommanderiez-vous la cryothérapie pour un athlète en réhabilitation, et existe-t-il des contre-indications ?
Nous recommandons particulièrement la cryothérapie pour les lésions musculaires légères à modérées. Elle s'avère également très efficace en prévention, pour maintenir les performances lors des périodes de surentraînement par exemple. Les recommandations d’usage sont des cures de cryothérapie de 10 séances en 10 jours à renouveler en concertation avec le patient et le thérapeute en fonction de la réponse symptomatique du patient à la thérapie. Ce protocole d’usage est évidemment modifiable (fréquence d’exposition et nombre de séances) en fonction des situations et de l’objectif recherché.
Il est donc important qu’elle soit réalisée avec l'accompagnement d’un professionnel de santé qualifié comme un médecin ou un kinésithérapeute. Concernant les contre-indications, la prudence s'impose et nous excluons les patients présentant des fractures, des syndromes infectieux, des cancers, une allergie au froid, et les personnes souffrant d'insuffisance cardiaque ou rénale sévère ainsi que les hypertensions artérielles non contrôlées. À ce jour, nous ne reconnaissons aucun effet de la cryothérapie sur la perte de masse graisseuse et nos séances n’ont aucune visée esthétique. Pour garantir la sécurité des patients, un certificat médical de non-contre-indication est exigé avant toute séance. »
À Marseille, Olivier Masclet et l’équipe de Cryokine ont été les premiers à introduire cette thérapie il y a 12 ans, en collaboration avec l'INSEP. Leur expérience démontre des résultats particulièrement probants, avec une satisfaction élevée des patients. Néanmoins, il insiste sur l'importance d'un encadrement médical et paramédical qualifié et d'une approche personnalisée pour optimiser les bénéfices de cette thérapie innovante.
* Une forme d'usure cellulaire qui survient notamment lors d'efforts intenses ou de périodes d'entraînement intensif.